Interview - Cédric Gorré

Bonjour, bonjour

Je continue de mettre en avant des auteurs aec qui j'ai pu échangé, que j'ai lu ou que j'ai hâte de lire ☺Aujourd'hui ...



Je vous présente donc Cédric Gorré 

Cédric Gorré


Pour commencer, est-il possible de vous présenter en quelques mots ?

Et bien... Je m'appelle Cédric Gorré, j'ai 33 ans. Je suis originaire d'un petit village savoyard –Albiez-le-Jeune– perché sur un plateau alpin, mais je vis à Toulouse depuis 1998, avec un crochet sur Paris et Pékin pour mes études. Aujourd'hui responsable de lot travaux télécoms à la SNCF, et à côté de ça boulimique de rock et de bouquins. Je m'intéresse à la politique, à la sociologie, et j'ai un penchant pour les sports de combat –Aïkido, Krav Maga, boxe française– mais le temps me manque !




Depuis quand vous êtes-vous intéressé(e) à l'écriture ?

Depuis mes 14-15 ans je dirais, quand l'adolescence a débarqué avec son lot d'angoisses et de questions sur le Temps –le passé, le présent, l'avenir– et sur ce que j’étais censé faire de toute cette vie. Je vivais à Pékin à l’époque, loin de ma famille, et même si la personne qui m’a hébergé à ce moment-là s’est imposée en modèle, en figure d’autorité, j’ai eu un passage à vide de deux ans qui m’a transformé. Pas forcément dans le bon sens. Ecrire, c’était une des soupapes.




Quelle est, pour vous, la place de l'auteur(e) dans notre société ?

La place de l'auteur ? Donc pas la mienne, je ne pense pas avoir de place particulière !

Hum. Je n'ai pas de jugement particulier sur ce qu'un(e) auteur(e) doit apporter. Il peut choquer, bousculer, pousser à la réflexion, comme Chuck Palahniuk, être contemplatif et passager d'une époque comme Charles Bukowski, ou simplement être un magnifique conteur d'histoires comme Dan Simmons, je m'en fiche un peu. Pour un lecteur, l'important c'est de trouver le bon bouquin, au bon moment pour les bonnes raisons. J'imagine que la place de l'auteur(e) est de répondre à cela.




Qu'est-ce qui peut faire l'objet d'inspiration pour vous ?

Un journaliste avait posé cette question à Robb Flynn, chanteur-guitariste de Machine Head, et il avait répondu que tout l'inspirait, que ça le frappait n'importe où et n'importe quand, que ça lui était arrivé d'écrire des bouts de textes sur des papiers d'emballage chez Burger King. Le journaliste avait traduit ça par « je trouve l'inspiration partout, y compris grâce à ce qui est écrit sur les emballages de Burger King »… Ce genre d'anecdotes donne des idées !

Plus sérieusement, comme pour tous les créatifs j’imagine, tout est inspirant. Il faut juste que ça colle avec la question à la base de tout : « et si ? ».

« Et si un cadre propre sur lui, bloqué dans les embouteillages en plein soleil, pétait un câble et commençait une folle vendetta meurtrière ? »

« Et si quelqu'un parvenait à créer un signal sonore qui transformerait tous les propriétaires de téléphones portables en lobotomisés assoiffés de sang ? »

« Et si une race extraterrestre, enfouie dans les profondeurs de la Terre, décidait de prendre l'air et de massacrer l'Humanité ? »

Ce ne sont que des amorces assez communes, inspirées d'un quotidien assez commun. C'est la question –et la réponse développée– qui devient l'histoire.




Quel est votre rythme d'écriture ?

Ouch. Ça dépend vraiment. J'ai un boulot assez chronophage, des déplacements en région, une vie. Je ne suis pas un moine-soldat qui n'aurait rien en dehors de son allégeance à l'écriture. Mais en règle générale, j'essaie de gratter au moins une heure et demie par jour, tôt le matin avant de partir bosser, ou le soir en rentrant, comme je peux. Et j'essaie de faire autant le week-end. C’est loin d’être évident, j’imagine que j’ai de la chance de pouvoir dormir assez peu !




Quels auteurs adorez-vous lire ?

Stephen King, c'est ma madeleine. Je relis souvent ses anciens romans, son premier cycle (jusqu'au milieu des 90', par là), parce qu'il était violent, dans les mots, les idées, les peurs. Chuck Palahniuk est mon modèle, je relis ses écrits comme des méthodes de vie. Sauf que ça ne parle pas de s'émanciper de la société en se réappropriant ses racines de paix intérieure. « Voir la bonté en chacun », « ce qui nous empêche d’aimer », « comment transformer la colère en compassion », « le Bon Cœur Suprême », il se moque de ce genre de trucs, il les détruit en s’appuyant sur ce que l’on voit tous les jours autour de nous. On aimerait croire le contraire mais notre espèce s’est spécialisée dans l’embellissement des concepts à défaut de les améliorer. Je ne jette pas la pierre, je fais pareil. Lui aborde l'humain par ses biais les plus détestables et ça me fait du bien, ça me soulage de lire quelque chose dans lequel je me retrouve profondément.




Si vous pouviez donner vie à l'un de vos personnages, lequel choisiriez-vous ?

Le héros du roman que je viens de terminer, qui –je l'espère– sortira après « Je Suis Celui Qui Suit » s'appelle Nathan. Il est amusant : c'est un trentenaire désabusé, sociopathe, qui n'a pas le mode d'emploi pour vivre. Son existence est sa plus grande incompréhension, elle n'a donc pas énormément de valeur, et celles de ses congénères non plus, forcément. Pour autant il n'est pas mauvais. J'aimerais bien discuter avec lui un de ces quatre.




Sur quel(s) projet(s) travaillez-vous actuellement ?

Le tome 1 de « Je Suis Celui Qui Suit » est sorti en avril, et si l'histoire (prévue en trois tomes) est terminée, je suis sur la dernière relecture du tome 2, que nous espérons sortir à la fin de l'année. Puis même chose pour le 3.

Ensuite, j'attaquerai les corrections de « Les Enfants De Saturne » (dont Nathan est le héros), puis je reprendrai l'écriture d'un roman que j'ai délaissé le temps de sortir « Je Suis Celui Qui Suit ».




Quel(s) conseil(s) pouvez-vous donner aux jeunes écrivains ?

Je suis partagé sur cette question. J’avais fait lire quelques nouvelles à ma prof de français, quand j’étais en première à Pékin. C’était caricatural et pas très bien écrit, violent dans l’excès. Sa réponse a été de m’offrir « Lettres à un jeune poète » de Rainer Maria Rilke. J’ai mis un peu de temps à comprendre le pourquoi de ce cadeau –je pense que je n’étais pas assez mûr pour ça– mais un jour, les conseils ont coulé de la conscience de Rilke dans la mienne. « Une œuvre d’art est bonne quand elle est née d’une nécessité. C’est la nature de son origine qui la juge », « Rentrez en vous-même. Cherchez la raison qui, au fond, vous commande d'écrire. (…) Creusez en vous-même jusqu'à trouver la raison la plus profonde. (…) Et si de ce retournement vers l'intérieur, de cette plongée vers votre propre monde, des vers viennent à surgir, vous ne penserez pas à demander à quiconque si ce sont de bons vers ».

Je ne pense pas qu’il faille nécessairement avoir quelque chose à raconter pour écrire –ça serait un raisonnement très élitiste– mais que ce soit pour les mots, les images ou les notes, je pense qu’il faut avoir de la peine, de la souffrance, pour racer son expression. Mes artistes favoris sont des arrachés, des hommes et des femmes à fleur de peau. Pour ceux qui ont trouvé le bonheur et la paix de l’esprit, j’ai souvent constaté qu’ils étaient aussi devenus « ennuyeux ».

Après, conseiller à quelqu’un d’être malheureux pour écrire serait profondément débile. C’est pour ça que ce que Rilke écrit me plait : « Une œuvre d’art est bonne quand elle est née d’une nécessité. C’est la nature de son origine qui la juge ».

C’est plutôt rassurant avant de se mettre au travail.

Du coup, premier conseil : lire « Lettres à un jeune poète » !

Ensuite : osez écrire. Je crois que c'est l'étape cruciale. En parlant autour de moi, je rencontre pas mal de personnes qui me parlent d'un projet, d'une envie d'écriture. Et je ne comprends pas pourquoi elles ne se lancent pas ! Écrire est un sport amusant, il faut juste passer les premières barrières : ne pas avoir honte de ce que l'on écrit, ne pas avoir honte de le partager.

Troisième conseil : il faut lire, voir des films, pour travailler l'imaginaire, la dynamique des scènes, et s'imprégner de tournures de phrases de femmes et d'hommes qui ont eux-mêmes osé écrire !

Pour mon cas : j'ose. Et mieux : je fais confiance aux personnages pour qu'ils me racontent l'histoire. ILS ont la pression, pas moi ! Je ne suis que la petite main qui couche ça sur une page !





Avez-vous une petite anecdote lors d'une rencontre avec vos fans ?

Je n'ai pas la notoriété qu'il faudrait pour avoir des fans ! Pas proprement une anecdote, mais c'est toujours amusant d'échanger avec quelqu'un qui s'est immergé dans votre histoire. C'est là qu'on se rend compte que les personnages n'ont pas le même visage, pas la même intonation, ils sont plus petits, plus gros ou plus minces, les voix n’ont pas le même timbre, les pièces d'un appartement ne font pas la même taille. Les romans ont ça de magique par rapport au cinéma : la même intrigue a presque autant de nuances que de lecteurs !




D'ailleurs, quelle sera votre prochaine date ?

J'adorerais pouvoir répondre à cette question ! Mais je n'ai pas de déplacements prévus pour l'instant. Mais je suis ouvert à toutes propositions !




Une petite chose à ajouter ?

Oui ! Pour les personnes intéressées par "Je Suis Celui Qui Suit", nous sommes sur un premier petit tirage. Alors pour le commander, n'hésitez pas à essayer différentes plateformes ! Amazon, FNAC, Cultura, le mieux étant, pour aider un peu nos libraires, de le commander et d'aller le récupérer chez eux. Ils sont en général si sympas et professionnels qu'on termine toujours par embarquer un bouquin ou deux de plus !

Et venez me rejoindre sur Facebook, Twitter, Instagram ! Cédric Gorré, une photo en noir et blanc, c’est moi ! Je ne vous inonderai pas de posts tous les jours, mais vous aurez des nouvelles régulièrement !


Et merci à vous !



Couverture Je suis celui qui suit


Carl Stemsein hante la maison de campagne de ses défunts grands-parents. Suspecté d'avoir massacré sa femme et sa fille, il s'est fait avaler par l'alcool, les drogues et les médicaments. Bien qu'innocenté par la justice, sa raison est chaque jour mise à l'épreuve, entre un cauchemar récurrent qui lui fait revivre les meurtres, et ses crises de somnambulisme durant lesquelles il peint ce qui semble être des souvenirs refoulés.

Quel évènement a brisé sa mémoire à ce point? Quel drame s'est déroulé en Asie, dix ans plus tôt? D'où vient cette phrase, Je suis celui qui suit, qu'il aurait tracée avec le sang de ses femmes, après leur avoir tranché les membres et les avoir recousus à l'envers?
Il a pourtant une certitude: il se trouvait dans une autre pièce, les mains clouées au sol, quelques minutes avant de découvrir les corps...

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