Interview #1 - Florence Cabre


Il y a quelques semaines déjà, nous avons pu fêter (discrètement) la semaine de la Presse et j'ai eu l'envie de me mettre dans la peau d'une journaliste et j'ai décidé d'interviewer deux auteures dont les oeuvres m'ont beaucoup plû.

Pour cette semaine, la parole est à

Florence Cabre
Auteure d'Iris Chevalier et les secrets du jardin


Tout d'abord, Bonjour  ! Un grand merci d'accepter de prendre du temps pour répondre à mes quelques petites questions. Rien de bien méchant, juste ma curiosité qui prends le dessus.


Pour commencer, pouvez-vous nous faire une petite présentation rapide pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas encore ? (D'où vous venez, les études faites, etc.

J'ai passé la première partie de mon enfance en Guadeloupe. Mes études secondaires se sont déroulées en partie à Paris où ma mère, ma fratrie et moi-même sommes restées pendant cinq ans. À douze ans, j'ai découvert un autre monde en m'installant à Bristol dans le Connecticut où j'ai été diplômé de Saint Paul, un high school tout à fait banal pour un américain, mais si extraordinaire pour la petite antillaise que j'étais. Après des études d'arts plastiques à New York à Parsons School of Design, j'ai fait une étape de deux ans dans le sud de la France à Brignoles (Var). J'y créais des étiquettes de vin ! Je suis revenue au pays natal et j'ai exercé tour à tour des métiers et des fonctions comme illustratrice, infographiste, directrice de création, rédactrice... Depuis peu, je me suis remise à la peinture et j'expose régulièrement des toiles colorées et ensoleillées sous le nom de Zoé Lartiste. Depuis trois ans, je me suis aussi lancée dans cette grande aventure qu'est celle d'écrire des romans.

Quel genre de lecture berce vos journées (ou nuits)  ? 

Plus jeune, j'ai lu beaucoup de thrillers avec Stephen King en top de la liste de mes écrivains préférés. Puis vinrent des livres plus classiques comme ceux de Victor Hugo, Flaubert, Boris Vian, Roman Gary...  et encore après Alexandre Jardin, Mussot, Marc Levy. J'ai adoré aussi les romans d'amour pour trentenaires célibataires comme la série de « Bridget Jones » ou L'accro du shopping. Bien plus tard, la série de Pancol avec Les yeux jaunes du crocodile m'a fascinée. Il n'empêche que la science-fiction et le fantastique restent mes genres littéraires préférés. Les dieux, les démons, les fées, les magiciens  ; que ce soient des vampires, des loups-garous ou des extra terrestres, j'adhère complètement. Pour répondre concrètement à votre question, en ce moment j'essaie d'alterner un roman de science- fiction avec un livre quelque peu plus « mature ». Sur ma table de chevet, est posé Harry Potter et l'ordre du phénix que je relis avec plaisir. Je viens de finir La petite fille du Vel d'Hiv d'Annette Muller. Et je suis en train de commencer une biographie sur le peintre Degas. Je pense finir le mois avec La drôle de vie de Bibow Bradley d'Axl Cendres.

Et quels auteurs admirez-vous  ? 

Classiquement, Victor Hugo et George Sand... Manifestement Stephen King pour l'univers complètement dingue qu'il crée depuis 40 ans dans chacun de ses livres. Et, bien évidemment, J. K. Rowling pour cette série magnifique, géniale d'un bout à l'autre.
D'où vous est venu l'envie et le courage d'écrire « Iris Chevalier et les secrets du jardin »  ? Nous rentrions, ma famille et moi, d’un séjour à la capitale. Un taxi nous menait à Orly à vive allure. Sur la banquette arrière, les filles échangeaient à propos du dernier Hunger Games. Ma douce moitié, agacée par notre retard, râlait à tout va. La radio a craché l’annonce du concours « Premier roman, RTL/Gallimard Jeunesse ». J’ai déclaré : « J’aimerais bien écrire un roman pour les ados ! » « Tu vas écrire un bouquin ? Toi ! » s’est moqué mon mari encore en pétard. « Chiche ! » ai-je nargué. Les enfants bavardaient. Le chauffeur conduisait. Mon conjoint bougonnait et moi… et moi, j’avais un défi à relever.

Comment sont nés les personnages du roman  ? 

Après avoir écrit le synopsis du livre, j'ai d'abord cherché sous quel angle je souhaitais écrire ce roman. Voulant une intimité forte entre le lecteur et mon personnage principal j'ai vite opté pour une écriture à la première personne. Restait à modeler le personnage. Iris m'est apparue très rapidement, car elle répondait aux critères que je m'étais fixés au départ : je voulais d'un personnage tout à fait ordinaire qui au fil des mots deviendrait une héroïne. Au début de l'adolescence, Iris se pose mille questions, expose ses doutes qui n'en sont plus la minute d'après, ses conforts, ses réconforts. Je voulais qu'elle raconte sa vie avec humour et qu'on décèle dans son caractère une certaine forme de bravoure face à la vie et à ses malheurs. Ce n'est pas pour rien qu'elle s'appelle « Chevalier ». Bien avant de découvrir ce qu'elle est vraiment, elle met en place des stratagèmes pour se défendre contre sa tristesse. Elle se réfugie d'abord dans le placard de sa mère (son ventre?) pour pleurer, réfléchir. Elle se cache derrière des idées arrêtées à propos de tout, de rien. Puis, elle se met à vouloir protéger sa fratrie (parce qu'elle trouve que sa mère n'est pas à la hauteur ?). Tous les autres personnages sont arrivés d'eux-mêmes. Iris avait besoin d'amis solides et de confiance absolue. Pour le reste des personnages, ils me sont venus tout aussi naturellement comme s'ils existaient déjà depuis longtemps  !

Vous imposez-vous un rythme d'écriture ou écrivez-vous quand l'inspiration est là  ? 

Tous les jours de 6H à 12H. J'ai de la chance d'avoir l'imagination fertile. Je me fixe un objectif et une ligne directrice au début d'un chapitre. Je commence à écrire et je laisse mon histoire prendre vie très, très vite. Il ne faut surtout pas que je sois interrompue ou que je perde le fil. C'est comme un film qui se déroule sous mes yeux que je dois relater à tout prix. Quand la « séquence » est terminée, je me relis et corrige.  À ce stade, certains mots et paragraphes entiers sont inappropriés ou carrément hors propos. Je me surprends moi-même  ! Je réécris et essaie de ne pas perdre la spontanéité du texte tout en corrigeant, sa longueur, sa lourdeur et/ou sa cohérence.

L'auto-édition était-elle un choix dès le départ où avez-vous tenté les maisons d'édition  ? (Comment cela c'est-il passé ?) 

Bien sûr que j'ai tenté les maisons d'édition  ! Dans ma vie, j'ai une petite devise  : je ne veux regretter quoi que soit. Je mets tout en œuvre dans la mesure de mes possibilités. D'abord, je me suis beaucoup documentée sur la façon dont la vente de livre fonctionnait. J'ai sélectionné dix maisons d'édition susceptibles de publier mon livre puis ai tout fait dans les règles de l'art  : la lettre accompagnatrice, le document mis en page sur Word en corps 12 avec de doubles interlignages, la belle pochette... J'ai même aspergé mes documents d'eau de lavande (clin d'oeil à Apisi, le loubard du RER). Nathan Jeunesse est la maison d'édition qui a eu la gentillesse de m'écrire un mot beaucoup plus personnel que ceux des autres maisons. Ils m'ont assuré de la fluidité de mon écriture, de l'entrain et de l'énergie qu'elle dégageait. Ils ont souligné le ton du livre, amusant et léger. Ceci m'a donné la foi et l'envie de me battre pour publier mon livre. J'ai également consulté les maisons d'édition sur internet, mais tout cela ne m'a pas paru très sérieux. J'ai gratté les fonds de tiroirs, et ai fait imprimer mon livre ici en Guadeloupe, chez Antilles Imprimerie. Depuis sa sortie, je passe mon temps à faire du marketing pour qu'il soit connu et lu. Pas une mince affaire  !

Comment avez-vous vécu l’enthousiasme des premiers lecteurs  ? 

J'ai été folle de joie quand ma nièce de 10 ans à qui j'avais prêté le manuscrit une semaine plus tôt m'a appelé pour me dire qu'elle l'avait fini et qu'elle allait le relire la semaine suivante «...parce qu'il est trop bien, Tatie  ! » 
Globalement, tous les enfants de 10 à 15 ans qui le lisent, le trouvent vraiment chouette surtout les filles (parce que le héros est une fille ?) Les chroniques sur les blogs et sites me font également plaisir. Quand je sens que j'ai touché quelqu'un, fait rire, réfléchir ou pensé à sa propre adolescence, je suis contente. Aujourd'hui, quelques parents m'appellent pour me remercier et me dire que leur enfant qui ne lisait que des BD avait été conquis par mon livre et s'était mis à le dévorer. Quand ça arrive, j'ai le sentiment de ne pas perdre mon temps et ça fait plaisir.


En ce qui concerne l'extérieur du roman, soit la couverture, d'où vous est venu l'inspiration  ? 

Je suis illustratrice de métier. Habituellement, pour illustrer, il faut dessiner en faisant sa propre interprétation de l'essence du texte. Je n'ai pas eu à chercher si Iris avait de grandes lèvres ou quel genre de coiffure elle portait. Iris était déjà dans ma tête puisque je l'avais dépeinte. Elle ressemble vraiment à cela, vous savez  ! Je voulais qu'elle ait l'air un peu effrayée pour créer le mystère. Le fond représente une allée du Jardin du Luxembourg que j'avais pris en photo maintes fois auparavant. Grâce aux couleurs sombres et aux jeux de lumières et d'ombres sur le fond, l'univers secret du Jardin s'étale féériquement devant le spectateur.


Comptez-vous poursuivre l'aventure pour plusieurs tomes ou partir sur une autre histoire  ? 

Et comment  ! Je n'en ai pas fini avec Iris. Sans compter, mes lecteurs que j'ai laissés en suspens.


Sur quel projet êtes-vous en ce moment  ? 

La communication du premier tome me vole tout mon temps  ! Et puis, j'ai toutes mes autres activités comme la peinture, l'infographie, la cuisine...

Auriez-vous des conseils d'écriture pour nos jeunes débutants  ? 

Lire, écrire, sans arrêt. Ne pas se comparer aux autres. Chacun à son style. Utiliser un correcteur d'orthographe et de syntaxe. Écrire sur les endroits qu'on connaît  ; cela évite des recherches fatigantes et quand on vient de mettre un point final, éclater de joie comme jamais. Pur délice  !

Un petit mot pour la fin  ?

mot


Encore merci pour ce temps accordé et à très bientôt  ! 
C'est moi qui vous remercie mille fois. Ça me fait chaud au cœur d'être soutenue.





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